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Quand la peur bloque l’inspiration

Mercredi matin. Je suis très en retard sur cette newsletter qui devait être publiée lundi. Alors que je fais mon lit, je réalise que j’avais tout à fait eu le temps nécessaire ce week-end et ces derniers jours pour la rédiger, mais quelque chose m’en a empêché. Paf. Une claque sur un coussin pour le rebomber.

La flemme ? Le manque d’inspiration ? J’ai bien eu quelques idées, mais rien qui ne me satisfasse, rien qui ne m’enjaille, rien qui puisse égaler les newsletters précédentes. Ah ! Soudain, tout s’éclaircit dans mon esprit. Paf. Une claque sur le deuxième coussin.

Je suis bloquée sur cette newsletter car j’ai peur de faire moins bien que les précédentes. Il faut dire que les trois dernières ont particulièrement bien fonctionné. 100 likes en moyenne par newsletter, du jamais vu pour moi, qui tourne habituellement autour des 50 likes.

“Biiip. Biiiip. Biiiiip.” Je sors mon café du micro-ondes et m’installe à mon bureau. J’écris que j’ai peur d’écrire cette newsletter. J’écris qu’il y a de fortes chances pour que ce soit un désastre car toutes les fois où j’ai été bloquée par la peur dans le passé, sont les fois où j’ai moins bien écrit.

Ça m’a donné l’idée d’écrire cette newsletter.

Le piège des likes

“Comment ça va en ce moment ?”

“Pas trop bien. Mes stats sont toutes en baisse. Les vues sur mes posts ont chuté et les écoutes sur mon podcast aussi.”

Voilà ce que m’a répondu une cliente lors de notre première session la semaine dernière. Cette réponse, je la connais bien. Je l’entends dans la bouche de toutes les personnes qui publient sur Internet.

Même la mienne. En 3 ans sur Linkedin, il m’est arrivé d’avoir des baisses dans mes statistiques. La dernière date de cet été. Mes posts faisaient un peu moins de visibilité que ce à quoi j’étais habituée, et mon humeur ainsi que ma créativité ont chuté avec. Cette situation, c’est la pression du résultat.

Le problème avec les réseaux sociaux, c’est qu’ils mettent des notes à nos créations. Dès lors, on finit par laisser les autres décider de notre plaisir à écrire. Un post qui obtient une bonne note nous rend heureux. Un post qui obtient une mauvaise note nous rend malheureux.

Et c’est comme ça que beaucoup de créateurs finissent par s’arrêter. Car, certains n’obtiennent jamais de bonne note. Et pour ceux qui y arrivent, il arrive toujours un jour où on reprend une mauvaise note.

Notes, pression, plaisir

C’est le même problème qu’à l’école. Prenons l’exemple d’un bon élève. À la base, c’est probablement quelqu’un de curieux et enthousiaste à l’idée d’apprendre. Ce sont ces qualités et cette volonté qui fait de lui un bon élève. Ainsi, il est récompensé par de jolis 16/20 et 18/20 à la chaîne. Mais quid du jour où il reçoit un 12/20 ? Non. Impossible. Ce n’est pas lui. Alors, le bon élève se met une pression monstre pour garder le niveau. Et, petit à petit, ce qui avait commencé par un jeu, par le plaisir d’apprendre, devient un travail de besogneux.

C’est la même histoire avec un mauvais élève. Peut-être qu’il était enthousiaste d’aller à l’école au début, mais, très rapidement, les mauvaises notes qu’il a reçues lui ont coupé l’envie de s’investir. Il finit par sortir du système dès qu’il en a l’occasion.

Nous sommes conditionnés pour lier notre plaisir aux résultats qu’on obtient. Pourtant, comme pour nos élèves, ce n’est pas ce qui nous pousse à la base à nous lancer. Car, si vous avez commencé à écrire un jour, c’est forcément parce que, dans le fond, il y a quelque chose que vous aimez dans l’exercice.

Certains diront qu’ils se sont lancés sur Instagram, Linkedin ou en newsletter pour attirer des clients, et, oui, rationnellement on le fait toujours pour cette raison. Mais, en réalité, il y a beaucoup d’autres moyens tout aussi rapides et efficaces que le personal branding et la création de contenu pour trouver des clients.

Non, quand on choisit une stratégie de création de contenu, c’est toujours parce que, dans le fond, on cherche quelque chose en plus. On cherche à créer.

Le plaisir de créer

Cette notion est très importante car c’est la clé de la liberté. Quand je me suis retrouvée bloquée l’été dernier, je suis partie à la recherche d’informations pour retrouver ma créativité.

Alors que je lisais Show Your Work au bord de la piscine, je me rappelle d’un passage qui m’a marqué. Selon Austin Kleon, un créateur doit avoir un terrain d’exploration pour créer. Or : “Internet n'est plus un endroit sûr pour mener une réflexion expérimentale, en particulier pour quelqu'un qui a un public ou une marque quelconque”.

C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que 80% de mes écrits avaient pour vocation d’être publiés. Je n’avais aucun terrain juste à moi. Aucun espace dans lequel explorer. Au bord de cette piscine, je me rappelle avoir pris une décision importante : j’allais inverser ce rapport. Désormais, 80% de mes écrits allaient être pour moi et 20% pour être publiés.

Depuis, j’ai mis deux choses en places dans ma routine :

  1. Les pages du matin
    Tous les matins, j’écris trois pages dans un carnet. Rien d’extraordinaire. Souvent, c’est un vomi d’émotions et un ramassis de choses que j’aimerais faire ou pense que je devrais faire.
  2. Mon carnet de lecture
    J’essaie de faire de la lecture active au moins 1h par jour. Je vous avoue que je n’arrive pas encore à tenir ce rythme, mais je m’améliore de jour en jour. Quand je lis, je tiens un carnet dans lequel je note ce que je pense de ce que je lis.

La force d’écrire pour soi

Ces deux petits carnets tout simples en apparence ont changé beaucoup de choses dans mon rapport à la création. Depuis quelques mois, je sens que je suis moins affectée par les baisses ou montées d’engagement. J’ai réussi à mettre plus de distance, parce que ce n’est plus la seule chose que je crée.

J’ai trouvé mon espace. Celui dans lequel personne ne peut juger ce que j’écris. Personne ne peut me dire ce qu’il en pense. Même pas moi-même. Car, qui y a-t-il à juger sur ses propres émotions ?

Jour après jour, les pages du matin m’ont appris à écrire de manière plus libre, à retrouver du plaisir, et à ne pas me juger. En réalité, quand on prend trop de temps à écrire, c’est parce qu’on doute de ce qu’on écrit, et le doute, ce n’est rien d’autre que de l’autocritique. C’est de la peur de ne pas assez bien faire. Or, il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière de parler de ses propres émotions. Il n’y a que notre manière à nous.

Mon carnet est devenu un espace où j’ose explorer. J’ose faire des ratures, ne pas finir des phrases, changer de sujet en plein milieu, faire des erreurs de syntaxe … who cares?! Personne ne le lira jamais. Et, étonnamment, c’est dedans que j’ai découvert le plus de techniques d’écriture.

Mon carnet de lecture, lui, me nourrit de réflexions. Il me permet de faire des connexions plus rapidement, d’apprendre à jongler avec les idées, et de clarifier mon esprit.

Conclusion

Dans son livre “On Writing”, Stephen King explique que : "Je suis convaincu que la peur est à l'origine de la plupart des mauvais textes. Si l'on écrit pour son propre plaisir, cette peur peut être légère - timide serait un meilleur mot. En revanche, si l'on travaille dans un délai imparti - un journal scolaire, un article de presse, l'échantillon d'écriture du BAC - cette peur peut être intense.”

Aujourd’hui, je comprends ce qu’il voulait dire.

Les réseaux sociaux sont le pire terrain pour se débarrasser de nos peurs. À vous de créer votre propre terrain de jeu dans lequel vous vous autoriserez à explorer et progresser.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.

Maud