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“Tu ne devrais pas…”

Quelques jours avant le nouvel an, je suis dans l’avion, prête à m’envoler vers Marrakech. Alors que je m’apprêtais à mettre mon portable en mode avion, je tombe sur un message d’un proche : “J’ai lu ta newsletter sur ton bilan 2023. Dire que tu n'as pas atteint tes objectifs, pourquoi pas, mais donner ton chiffre d'affaires, je ne suis pas sûr que cela soit une bonne chose.” Et si cette personne avait raison ? Et si avouer que je n’avais pas atteint mes objectifs me faisait passer pour une incompétente ? Et si mon chiffre d’affaires était déceptif pour certains ? Et si cette newsletter donnait en fait une mauvaise image de moi ? L’image de quelqu’un en échec ?

Ce dilemme, c’est celui de la vulnérabilité. Faut-il avouer ses failles ou bien se montrer toujours triomphant ?

Je ne suis pas vraiment surprise que mon proche ait eu cette réaction. Il a peur pour mon image. Après tout, il est vrai que ma communication sort un peu des clous. Historiquement, les marques ont toujours préféré communiquer sur leurs forces et cacher leurs faiblesses. Les grands patrons ne disent pas tous leurs problèmes à leurs employés. Les parents cachent leurs soucis à leurs enfants.

Dans la tête de la majorité des gens, se montrer vulnérable est dangereux. Moi, plus j’avance, plus je suis convaincue que c’est une des clés d’un personal branding réussi.

Vulnérabilité = Confiance

Il y a quelques jours, lors d’un call avec un prospect, ce dernier m’a dit : “Sur Linkedin, il y a beaucoup de coachs de coachs. C’est un peu une pyramide de Ponzi et on se demande quand même beaucoup si ce n’est pas vide derrière la vitrine. Mais toi, j’ai lu tes newsletters, et j’y crois”.

Ça m’a interpellé. Pourquoi est-ce qu’il y croit plus que les autres ? Les autres aussi ont des newsletters. Les autres aussi ont des résultats et méthodes exceptionnelles.

“Ça sonne vrai” m’a-t-il répondu.

Alors que tous les autres coachs sont tout aussi compétents que moi, c’est vers moi qu’il s’est tourné car il avait confiance. Pourtant, on ne se connaissait pas. Cet appel était notre première rencontre. Sur Internet, comme dans la vraie vie d’ailleurs, on a tendance à l’oublier, mais les gens sont méfiants. “Pourquoi devrais-je avoir confiance en toi ?”. Voilà une question que tout le monde se pose. “Lui ? Non je n’ai pas du tout envie d’acheter sa formation en ligne. Il ne m’inspire pas confiance”.

Or, qui dit “pas de confiance”, dit “pas d’achat”.

D’où vient la confiance ?

Seth Godin a répondu à cette question dans l’un de ses articles :

“Nous faisons confiance aux gens parce qu'ils sont venus quand ce n'était pas pratique, parce qu'ils ont dit la vérité quand il était plus facile de mentir et parce qu'ils ont tenu une promesse alors qu'ils auraient pu s'en tirer en la rompant.

Chaque période difficile et chaque projet sous pression sont une nouvelle occasion de gagner la confiance de quelqu'un qui vous est cher.”

Mon discours “sonne” vrai parce qu’il ne montre pas uniquement la jolie face de la médaille. Pour mon bilan 2023, j’aurais très bien pu m’en tenir à raconter mes fiertés et succès. Je n’étais pas obligée d’aller déterrer ma newsletter de décembre 2022 dans laquelle je donnais mes objectifs 2023. Sauf que ça aurait sonné faux.

C’est parce que je parle de mes échecs que mes succès paraissent crédibles. C’est parce que je parle de mes doutes que mes convictions paraissent crédibles. C’est parce que je parle de mes obstacles que mes avancées paraissent crédibles.

La vulnérabilité crée du lien

En ce moment, je regarde le documentaire “Merci Internet” sur Squeezie (que je te recommande vivement soit dit en passant). Dans un épisode, il montre tout le travail qu’il a fourni pour créer son premier album de musique… et tous les avis négatifs qu’il a reçus. Un vrai four ! C’est mon passage préféré de ce documentaire, car c’est le passage dans lequel j’ai le plus connecté personnellement avec lui. J’ai compris sa douleur, son espoir brisé et sa déception. Ça m’a rassurée de le voir rebondir, et ça m’a montré que tout le monde pouvait échouer.

Ceci n’est pas un exemple isolé. Pour n’en citer que trois autres :

  • Dans “On Writing” de Stephen King, j’ai adoré lire sur son alcoolisme et comment il avait peur de ne jamais réussir à écrire sans boire.
  • Dans “Montre jamais ça à personne” d’Orelsan, j’ai adoré le voir perdre toutes ses notes de son Iphone, galérer à trouver ses idées, et réussir à sortir quelque chose malgré tout.
  • Dans “Show Your Work” d’Austin Kleon, j’ai adoré lire qu’il avait reçu des injures d’une nana, lui rappelant qu’il avait peur d’être incapable d’écrire à nouveau en devenant papa.

Ça me rappelle cette citation de George Orwell que j’adore :

“L'autobiographie n'est digne de confiance que lorsqu'elle révèle quelque chose de honteux. Un homme qui donne une bonne image de lui-même ment probablement, car toute vie vue de l'intérieur n'est qu'une série de défaites.”

Au-delà de la confiance, se montrer vulnérable est nécessaire pour créer un lien. Imaginons que tu rencontres une personne. Tu l’aimes bien. Tout se passe bien. Sauf que petit à petit, tu te rends compte que sa vie est toujours rose, que tout ce qu’il entreprend réussit, et qu’il n’a jamais de problème. Difficile d’être amis n’est-ce pas ?

“Pour que la connexion se fasse, nous devons nous permettre d'être vus - vraiment vus.” — Brené Brown.

C’est pour ça que j’ai adoré le livre de Stephen King, que je l’adore lui aussi maintenant alors que je n’ai lu aucun de ses autres livres, et que je le cite à toutes les sauces.

La vérité n’est jamais belle

Le problème, c’est que la vérité est rarement l’histoire qu’on voudrait raconter.

Un de mes clients, qu’on appellera Thibault, se plaignait de ne pas avoir d’histoire incroyable pour le lancement de sa boîte. Il ne s’était pas retrouvé à la rue comme Anthony Bourbon, ni avec un burn-out comme Benoit Dubos, ou une tumeur bénigne comme Justine Hutteau. Il ne lui était rien arrivé de marquant. Pas d’épiphanie. Pas d’histoire rocambolesque. Non, Thibault en avait juste eu marre de bosser dans une boîte de conseil, et avait vu une opportunité qu’il a saisie.

Bon. Et alors ? Est-ce que Steve Jobs a fait un arrêt cardiaque qui lui a donné l’idée de lancer Apple ? Non, il a juste rencontré la bonne personne au bon moment. Ensuite, c’est la passion et l’acharnement qui l’ont poussé. Une histoire n’a jamais besoin d’être incroyable pour être lue et appréciée. Par contre, elle a besoin d’être vraie. D’ailleurs, c’est un des conseils que donne Stephen King dans son livre “On Writing” : “dites la vérité”.

Quand je relis les posts de mes clients, il m’arrive de leur faire le commentaire que ce que je lis “sonne faux”. Systématiquement, ils me répondent qu’effectivement, ce qu’ils ont écrit n’est pas exactement ce qu’ils ont envie de dire, mais que la vérité est inavouable. Pourtant, quand ils me la disent je trouve rarement que c’est le cas.

La plupart du temps, ils sont juste bloqués par peur de briser les conventions. Or, c’est souvent en brisant les conventions qu’on crée quelque chose de différent, d’unique, et qui permet de se faire une place dans le paysage. Comme le dit Julia Cameron : “Le désir d'être bien lettré, sophistiqué et intelligent nous empêche souvent d'avancer.”

Conclusion

Dans son dernier post Linkedin, Lisa Nakam, CEO de Jonak, avoue se questionner sur la stratégie de “ne pas tout dire à ses équipes”. Après des années à avoir agi comme tous les dirigeants, elle se rend compte qu’il serait peut-être mieux de partager les événements négatifs de l’entreprise, comme les bons. Comme quoi, les mentalités commencent à évoluer.

"Comment devient-on prophète ?" a-t-on demandé à Allen Ginsberg.

"Racontez vos secrets" a-t-il répondu.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.

Maud