Bienvenue dans cette édition #67 des Persos de Maud ! On est désormais 12,132 dans cette newsletter. Que tu sois là depuis le début, ou que tu viennes de me découvrir, merci à tous de me lire ❤️.
Sinon, moi, tout va bien. Me voici en plein milieu du Loir-et-Cher pour quelques jours. Ça commence à vraiment sentir l’été.
« Les gens oublieront ce que tu as dit, ils oublieront ce que tu as fait, mais ils n’oublieront jamais ce que tu leur as fait ressentir. » Maya Angelou
Pour qu’un discours soit impactant, trois éléments sont nécessaires : logique, crédibilité, et émotion. C’est un principe vieux comme le monde, celui de la rhétorique d’Aristote (Logos, Ethos, Pathos).
Aujourd’hui, je vois beaucoup de contenus en ligne qui sont, certes, très bien structurés, mais qui n’évoquent rien. Ils ne sentent pas la sueur, ni les larmes, ni les coups de poings, ni les longues étreintes sur un quai après une semaine pleine de souvenirs d’été. Le résultat est souvent le même. Les posts ne décollent pas.
C’est parce que c’est l’émotion qui guide l’action.
Dans cette édition des Persos de Maud, je vais t’expliquer pourquoi mettre de l’émotion dans tes textes est aussi important, mais aussi quelques conseils pour mieux y parvenir.
L’émotion au cœur de l’action
Les gens adorent penser que leurs décisions d’achat sont prises de manière rationnelle. En réalité, la partie du cerveau qui guide l’action est aussi celle qui génère les émotions. La théorie du cerveau triuniquenous explique pourquoi. Selon ce modèle, le cerveau s'est développé au fil de l’évolution de trois cerveaux distincts :
Un cerveau reptilien : le premier. Responsable de notre instinct de survie (beaucoup de militaires traumatisés continuent de fonctionner avec ce cerveau en revenant de la guerre).
Un cerveau limbique : serait le 2e apparu avec les premiers mammifères soit vers 220 millions d'années. Il est responsable de nos émotions et actions.
Un cerveau néocortex : résultat de la 3e et dernière phase de l'évolution. C’est lui qui nous permet d’avoir un raisonnement logique.
L’histoire de Phineas Cage
Phineas est contremaître des chemins de fer et également le patient le plus célèbre des neurosciences. En 1843, alors qu’il travaille tranquillement, une barre de fer lui transperce le crâne — notamment la partie limbique.
Miraculeusement, Phineas ne meurt pas sur le coup (honnêtement, je me demande encore comment).
Mais ce qui est encore plus étonnant, c’est ce qu’il se passe après l’accident. La personnalité de Phineas change du tout au tout. Il passe de contremaitre droit dans ses bottes, à un sociopathe incapable de prendre des décisions.
Le drame de Phineas est devenu la plus grande curiosité des neuroscientifiques et psychologues. Dans son livre “L’erreur de Descartes : la raison des émotions”, le neuroscientifiqueAntonio Damasio, utilise notamment le cas de Phineas Cage pour faire le lien entre les émotions et la capacité à prendre des décisions.
Pourquoi c’est si difficile
Alors que je m’apprête à écrire ce paragraphe, je me rappelle d’une discussion lors d’un coaching avec un client. Appelons le Sam.
Sam a grandi dans une famille dans laquelle il y avait peu de place pou l’émotion. Il n’a jamais vu son père pleurer, il n’a lui-même pas pleuré depuis des années, et il n’aime pas trop discuter de ce qu’il ressent — parce qu’il ne sait pas faire. Alors, quand il s’agit de publier des posts Linkedin dans lesquels il livre un peu de lui, ça bloque.
Je lui ai demandé : “tu as peur du jugement des autres”. Il m’a affirmé que non. Je ne me suis pas laissée duper et j’ai creusé : “qu’est-ce que tu crains qu’il se passe alors en postant ?”. Il m’a répondu : “Je sais pas trop … les gens sont méchants. Ils peuvent commenter des choses qui vont m’énerver”. “Okay, et comment tu te sens vis-à-vis de ça ?”. “Ça me stresse”. “Donc tu es stressé de ce que les gens pourraient dire ?”. “Oui”.
Je lui ai alors expliqué que le stress n’était qu’une émotion sous-jacente de la peur, et donc qu’il avait en réalité peur de ce que les autres pourraient dire, et donc peur du jugement. Car, dans le fond, il n’existe que six émotions, mais avec différentes granularité :
La tristesse
La surprise
Le dégoût
La colère
La peur
La joie
L’anecdote de Sam résume tout le problème. Les gens ne savent pas écrire avec émotion car ils ne savent déjà pas identifier leurs propres émotions correctement.
4 conseils pour s’améliorer
Il y a quelques semaines, j’ai aidé mon client Alex Rafaitin sur un post important pour lui. Il fallait qu’il annonce le départ en franchise de sa chaîne de restaurants Père & Fish. Son post original était très bien structuré, mais il manquait d’émotion. Voici son post ci-dessous avec mes corrections :
Et voici le résultat final :
Je t’ai montré cet exemple car il regroupe tous les meilleurs conseils pour injecter de l’émotion dans un post :
Sois concret Dire “c’est compliqué” ne veut rien dire. Comment était-ce compliqué ? Qu’est-ce qui s’est passé concrètement ? Montre nous. Donne nous des exemples.
Sois subtil Un gros qui entre dans une pièce n’a pas besoin de dire qu’il est gros. Tout le monde le voit. C’est la même chose pour les émotions. Si tu as besoin de dire que tu étais triste pour que le lecteur le comprenne, tu as déjà perdu des points. Utilise les sens. Décris les odeurs, les sons, les sensations. Fais appel à des souvenirs ou des images universels (ex : le gamin qui mange seul dans à la cantine. Pas besoin de dire qu’il est triste).
Sois concis Un contenu sur les réseaux sociaux est court. Tu ne peux pas faire vivre autant d’émotions que sur 200 pages d’un livre. Il faut choisir et ne pas se disperser. Est-ce de la fierté ? De la honte ? De la revanche ?
Sois simple
Si tu veux que ton lecteur accroche à l’histoire, il faut déjà qu’il la comprenne. Dans le cas d’Alex par exemple, l’histoire ce n’est pas qu’il ouvre une franchise. L’histoire c’est comment il a osé prendre des risques malgré le manque de soutien de ses proches.
2 exercices pour la route
1) L’exercice du pourquoi
Avant de commencer à rédiger un contenu, commence par poser l’idée et l’émotion que tu as envie de véhiculer :
En une seule phrase, quelle est l’histoire que tu as envie de raconter ?
Qu’est-ce que tu as ressenti ?
Si tu es comme Sam, pour la deuxième question, tu peux noter une première réponse et puis te demander “pourquoi ?”. Note la deuxième réponse. Recommence. Au bout du 3ème “pourquoi ?”, tu commenceras à avoir une réponse vraie et une émotion sincère.
2) L’exercice des variantes
Quand mes clients ont des difficultés à faire vivre des émotions sur papier, voici l’exercice qu’on fait :
On choisit un post (une histoire).
On se met d’accord sur 3 émotions qui semblent justes pour cette histoire. Par exemple : colère, tristesse, honte.
L’exercice : rédiger le même post en trois versions différentes. Une pour chaque émotion. Sans jamais mentionner littéralement l’émotion.
Le but du jeu : je dois ensuite deviner quelle version représente quelle émotion.
Cet exercice permet de sortir du premier degré pour explorer d’autres figures de styles comme les métaphores, les analogies, et toute autre manière d’apporter de la richesse dans un texte.
Conclusion
Pour finir, je pense à un conseil donné par Stephen King dans son livre “On writing: A Memoir of the Craft” :
“If you want to be a writer, you must do two things above all others: Read a lot and write a lot.”
C’est probablement un des meilleurs conseils que l’on puisse donner à un apprenti créateur. On sous-estime souvent l’apprentissage que l’on peut faire par simple observation. Lisez, lisez, lisez et lisez encore. Vous finirez par trouver le style qui vous correspond le mieux pour véhiculer ce que vous avez à dire.
N’oubliez pas que c’est un jeu de patience.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.
Maud
Un grand merci aux entrepreneurs de la communauté qui ont soutenu cette édition :
Valentine Sauda, qui t'invite sur le ring de LinkedIn avec sa newsletter l'Uppercut bourrée de tutos et tips pour te lancer sur le réseau !
Comment écrire avec émotion
Merci pour toute cette valeur. J'ai appris énormément.
Et tellement agréable de te lire.
Merci Maud pour ces précieux conseils, je vais les mettre en application dans mes prochains posts