Les Persos de Maud

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đŸ‘ș Interview avec une psychologue sur la peur du jugement

www.maudalaves.com

đŸ‘ș Interview avec une psychologue sur la peur du jugement

#36 Ou comment dĂ©construire les mĂ©canismes du "qu’en-dira-t-on"

Maud AlavĂšs
Dec 5, 2022
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Si tu as aimĂ© cet article, n’oublie pas de mettre un petit like ! Ça m’aide Ă  comprendre quels sujets je dois creuser.

Hello 👋

Bienvenue dans cette Ă©dition #36 des Persos de Maud ! Ça y est, on a passĂ© la barre des 6000 lecteurs dans cette newsletter ! On est officiellement 6028. Que tu sois lĂ  depuis le dĂ©but, ou que tu viennes de me dĂ©couvrir, merci Ă  tous de me lire ❀.

Sinon, moi, tout va bien. Me voici en compagnie de la psychologue Katia Perez-Bez, que j’ai interviewĂ©e cette semaine dans son cabinet.

Petit rappel

Je serai en live demain Ă  12h30 pour La CordĂ©e de Stello ! Mon programme de table ronde en compagnie de Nina Ramen, Caroline Mignaux et Victor Lora : “le personal branding, une stratĂ©gie payante ?”. Toutes les infos en cliquant ici.

PS : Pour les (parisiens) les plus motivĂ©s, vous pouvez venir en physique. Ça serait cool de vous rencontrer !


Si ce n’est pas dĂ©jĂ  fait, tu peux aussi :

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Et zĂ© barti 👇


Au programme

  1. Une peur omniprésente

  2. Les racines du jugement

  3. Tous inégaux

  4. Le changement est possible

  5. Conclusion


Une peur omniprésente

Depuis le lancement de cette newsletter, je demande Ă  chaque nouvel inscrit de m’expliquer ses plus gros blocages face au personal branding par e-mail. Chaque semaine, je reçois environ cinq rĂ©ponses. Ça fait +200 rĂ©ponses depuis le dĂ©but.

Sur le nombre de rĂ©ponses, vous avez Ă©tĂ© au moins 60% Ă  m’avoir parlĂ© de la peur du jugement :

  • “Je pense que les autres vont trouver la dĂ©marche ridicule”

  • “J’ai besoin de m’affranchir du regard des autres et oser”

  • “J'ai peur de l'avis des autres”

Clairement, c’est le plus gros blocage.

J’ai rĂ©flĂ©chi pendant des mois Ă  la meilleure maniĂšre d’adresser ce problĂšme. Pour en avoir discutĂ© longuement avec beaucoup de gens, je vois bien qu’un simple article de type “5 conseils pour surmonter sa peur du jugement” est l’équivalent de pisser dans un violon.

Plus j’en parlais, plus j’avais le sentiment que la peur du jugement Ă©tait quelque chose de bien plus profond.

Alors, j’ai dĂ©cidĂ© de prendre le taureau par les cornes et d’aller creuser le sujet avec une psychologue. Je crois que comprendre ce qu’est rĂ©ellement la peur du jugement et comment elle se construit donne plus de billes pour avancer que de faux conseils.

Une fois qu’on sait, on ne peut plus ignorer.

La suite de cette Ă©dition des Persos de Maud est le fruit d’une heure et demie de discussion avec la psychologue Katia Perez-Bez dans son cabinet.


Les racines du jugement

Un problùme d’estime de soi

Au bout de deux minutes de conversation avec Katia, je dĂ©couvre que la peur du jugement n’est que le symptĂŽme d’un problĂšme plus large : le manque d’estime de soi.

Elle m’explique “qu’on dĂ©veloppe tous une image de soi. On se fait une idĂ©e de ce que l’on est, en fonction de ce que l’on voudrait ĂȘtre et de ce qui est attendu de nous. Ce qui effraie, c’est le dĂ©calage entre ce que l’autre va nous renvoyer de nous et ce que l’on pense de nous. La peur du jugement n’est pas rĂ©elle ni factuelle. Elle est purement psychologique et ne se fonde sur rien d’objectif.”

En fait, le problĂšme, c’est quand on a une fragilitĂ© sur ce qu’on pense ĂȘtre — soit l’estime de soi.

Prenons l’exemple de quelqu’un qui pense ĂȘtre un bon orateur. Probablement qu’il critique mĂȘme certains orateurs en se disant qu’il ferait mieux. Le jour oĂč l’occasion se prĂ©sente, s’il a peur d’y aller, c’est uniquement parce que dans le fond, il n’est pas si sĂ»r d’ĂȘtre un bon orateur. Il aurait alors peur de dĂ©couvrir qu’il a eu tort. Car s’il n’est pas bon orateur, cela fait de lui quelqu’un de mauvais. Et s’il est mauvais, alors il n’est pas digne d’amour.

Car si on croit qu’on n’a pas de valeur, qu’est-ce que les autres aimeront chez nous ? “En vrai, la peur du jugement, c’est la peur de ne pas ĂȘtre aimĂ©â€.

À l’inverse, Katia me raconte que “si je suis convaincue que je suis quelqu’un d’aimable, et que quelqu’un ne m’aime pas, c’est ok. Je pense qu’il ne m’aime pas parce que je ne corresponds pas à ses critùres, mais ce n’est pas moi qui suis remise en question”.

Une construction depuis l’enfance

Naturellement, j’ai demandĂ© Ă  Katia comment l’estime de soi se construisait.

“L’estime de soi se fonde dans l’enfance. Quand on Ă©volue dans un environnement oĂč on est valorisĂ©, on n’a pas peur du jugement”.

À l’inverse, si les parents ne valorisent pas l’enfant, il aura plus de difficultĂ©s Ă  avoir une bonne estime de lui-mĂȘme. Cela n’a pas besoin d’ĂȘtre violent, il peut s’agir de critiques anodines et quotidiennes comme “tu fais trop de bruit”, “tes notes ne sont pas assez bonnes”, ou encore “tu vois bien que je n’ai pas le temps”. L’enfant finit par se dire que :

  • Ce qu’il fait dĂ©range.

  • Il n’a rien d’intĂ©ressant Ă  dire.

  • Il ne sait pas s’il est quelqu’un de bien.

Estime de soi ≠ confiance en soi

À ce moment-lĂ , j’y voyais de plus en plus clair. Mais un dĂ©tail me perturbait toujours. Beaucoup de mes clients sont des dirigeants d’entreprises Ă  succĂšs. Certains lĂšvent des fonds avec aisance, d’autres managent des Ă©quipes de +200 personnes, mais tous sont tĂ©tanisĂ©s Ă  l’idĂ©e de faire un post sur Linkedin.

Comment peut-on expliquer que quelqu’un puisse rĂ©ussir autant mais avoir peur du jugement malgrĂ© tout ?

Selon Katia, c’est la diffĂ©rence entre “rĂ©ussir dans le faire” et “rĂ©ussir dans l’ĂȘtre”. On peut trĂšs bien ĂȘtre animĂ© par le dĂ©fi : “Je vais te prouver que je suis capable. Sauf que, dans le fond, je n’en suis pas intimement convaincu. C’est ce que je fais qui rĂ©ussi, ce n’est pas ce que je suis. D’ailleurs, souvent c’est une technique de compensation. Si on pense qu’on n’a pas de valeur, on peut finir par mettre toute son Ă©nergie Ă  produire de la valeur”.

C’est la diffĂ©rence entre confiance en soi et estime de soi :

  • L’estime de soi, c’est la valeur qu’on s’accorde.

  • La confiance en soi, c’est la confiance en ses compĂ©tences.


Tous inégaux

Certains sont épargnés

À ma plus grande surprise, j’ai dĂ©couvert que tout le monde n’était pas concernĂ© par la peur du jugement. Certains chanceux sont Ă©pargnĂ©s. Effectivement, ceux qui ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©s par des parents qui les ont encouragĂ©s depuis le dĂ©but n’ont pas ce problĂšme de peur du jugement.

À ce moment-lĂ , j’ai pensĂ© notamment Ă  mon ami Thibault Louis. Dans sa derniĂšre interview avec Nina Ramen, il dit justement qu’il a eu la chance d’avoir un pĂšre qui lui a toujours dit qu’il Ă©tait le meilleur et capable de tout. C’est d’ailleurs un sujet dont on a aussi pas mal parlĂ© tous les deux. Clairement, Thibault ne se pose pas les mĂȘmes questions que moi au quotidien. Il doute moins. Il ne se justifie pas. Il a eu de la chance.

Une réalité granulaire

En vrai, ce n’est pas comme si le monde Ă©tait divisĂ© en deux, avec d’un cĂŽtĂ© ceux qui subissent la peur du jugement, et de l’autre, ceux qui y sont totalement immunisĂ©s. La rĂ©alitĂ© est beaucoup plus granulaire.

Mon expérience

En ce qui me concerne, je n’ai pas une trĂšs bonne estime de moi. Par contre, j’ai une trĂšs forte confiance en moi. Alors, je me suis demandĂ© : comment se fait-il que j’ai rĂ©ussi Ă  outrepasser cette difficultĂ© et Ă  prendre la parole publiquement quand mĂȘme ?

AprĂšs en avoir discutĂ© avec Katia, j’ai compris que l’explication se trouve dans mon passĂ©. Il y a quelques annĂ©es, j’ai fait du mannequinat. Cette expĂ©rience m’a forcĂ© Ă  me confronter au regard des autres. Et surtout, elle m’a permis de me rassurer sur mon image, au moins d’un point de vue physique, qui n’est pas Ă  sous-estimer.

Aussi, quelques annĂ©es plus tard, quand je me suis retrouvĂ©e “obligĂ©e” de prendre la parole sur Internet pour faire connaĂźtre mon projet entrepreneurial, je partais forcĂ©ment de moins loin que d’autres.

Mais alors, je me suis demandĂ© : si la seule chose qui explique ma capacitĂ© Ă  m’exposer malgrĂ© mon manque d’estime ne rĂ©side que dans la chance infime d’avoir fait du mannequinat, comment faire quand on n’a pas cette chance ? Y a-t-il une solution ?


Le changement est possible

Les étapes du changement

Dans l’idĂ©al, il est Ă©vident qu’une thĂ©rapie avec un psychologue ou thĂ©rapeute est le plus efficace pour reconstruire son estime de soi. NĂ©anmoins, tout le monde ne peut pas se le permettre. Alors, j’ai cherchĂ© Ă  comprendre comment les psychologues travaillent avec leurs patients pour les amener Ă  transformer leurs croyances limitantes.

Katia m’a confiĂ© qu’il y avait trois grandes Ă©tapes :

1) Compréhension

La premiĂšre Ă©tape, c’est d’essayer de comprendre d’oĂč ça vient. En gĂ©nĂ©ral, ça dĂ©bloque dĂ©jĂ  des choses. Beaucoup plus que ce que l’on s’imagine.

Comme expliquĂ© plus haut, trĂšs souvent, c’est liĂ© Ă  notre enfance et Ă  la relation qu’on a avec nos parents.

2) Déconstruction

Ensuite, Katia explique qu’il faut “rĂ©ussir Ă  concevoir les choses comme des vĂ©ritĂ©s de chacun, et non comme une vĂ©ritĂ© absolue et objective.” Ce que nos parents pensent n’est que leur propre vĂ©ritĂ©, souvent animĂ©e par leurs propres peurs. Ce n’est pas la vĂ©ritĂ© absolue.

D’ailleurs, il n’existe pas vraiment de vĂ©ritĂ© absolue non plus. C’est quoi ĂȘtre nul ? C’est quoi ĂȘtre beau ? C’est quoi ĂȘtre compĂ©tent ? Tout ceci est subjectif.

3) Acceptation

Une fois qu’on a compris que ce que nos parents disent leur appartient, on passe forcĂ©ment par l’acceptation.

“Il faut accepter que mes parents sont ce qu’ils sont. Qu’ils n’ont pas pu me valider comme j’aurai voulu, soit parce qu’ils n’en sont pas capables, ou parce qu’ils voient les choses autrement, peu importe
 C’est ce que les psychanalystes appellent tuer le pùre ou la mùre”.

À quelques conditions

Au bout de plusieurs minutes de conversation avec Katia, j’ai fini par comprendre l’immensitĂ© du travail Ă  faire. Alors, forcĂ©ment, je lui ai demandĂ© si c’était possible. Est-ce qu’on peut vraiment changer ? Est-ce qu’on peut vraiment reconstruire une estime de soi ?

Elle m’a rassurĂ©. Selon elle, c’est tout Ă  fait possible. Elle a dĂ©jĂ  accompagnĂ© des patients qui ont rĂ©ussi Ă  effectuer une transformation. NĂ©anmoins, deux conditions sont nĂ©cessaires :

1) Le désir

Certaines personnes se retrouvent bloquĂ©es en thĂ©rapie pendant des annĂ©es, tout simplement parce que, dans le fond, elles n’ont pas rĂ©ellement envie de changer. C’est normal, l’ĂȘtre humain dĂ©teste le changement. Parfois, rester dans la peur est plus agrĂ©able que d’affronter une nouvelle rĂ©alitĂ©.

2) La responsabilité

Ce qui nous amÚne à la notion de responsabilité :

“Nos parents sont ce qu’ils sont et disent ce qu’ils pensent selon leur propre carte du monde. Il y a un moment oĂč on a acceptĂ© d’y croire. Donc, on a sa part de responsabilitĂ©. On ne peut pas refaire l’histoire. Par contre, on peut prendre une nouvelle dĂ©cision de ce qu’on dĂ©cide de croire ou non.”


Conclusion

La plupart du temps, on voit la peur du jugement comme un problĂšme isolĂ©. Or ce n’est que le symptĂŽme d’un problĂšme bien plus profond.

Quand on a peur, on est tĂ©tanisĂ©. L’émotion prend le dessus sur le rationnel. Pour avancer, la premiĂšre chose Ă  faire est de se questionner sincĂšrement :

  • Qu’est-ce qu’il se passerait si j’étais jugĂ© ?

  • Qu’est-ce que je pourrai craindre d’entendre ?

Et si jamais tu veux aller plus loin sur le sujet, Katia m’a recommandĂ© d’aller jeter un coup d’Ɠil aux livres et vidĂ©os de Christophe AndrĂ© qui s’exprime beaucoup sur le sujet de l’estime de soi.

VoilĂ , c’est tout pour aujourd’hui ❀.

Maud


Un grand merci aux entrepreneurs de la communauté qui ont soutenu cette édition :

Mehdi Lariani, qui aide les indĂ©pendants et PME Ă  se rĂ©concilier avec la vente pour vendre plus sereinement sans avoir d’objection ⇟ voir sa masterclass gratuite.

Julie Bonnet, qui aide les entrepreneurs Ă  crĂ©er leur projet d’entreprise grĂące Ă  des coachings professionnels ⇟ dĂ©couvrir le programme.

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6 Comments
Claire Perrier
Writes Premier rĂŽle
Dec 5, 2022

Vraiment cool cette Ă©dition ! Dans les conditions pour rĂ©ussir Ă  effectuer une transformation je rajouterais mĂȘme : le dĂ©sir, la responsabilitĂ© et l'action. Car sans action, pas de changement.

Merci Maud :)

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Grégory
Dec 9, 2022

Merci pour ton approche trĂšs fouillĂ©e d’un sujet trĂšs souvent abordĂ© de façon superficielle. Quelques rĂ©vĂ©lations pour ma part. La distinction entre la confiance en ce qu’on fait et l’estime de ce qu’on est constitue un concept ultra-puissant. Un filtre de comprĂ©hension des gens subtil.

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