Le pouvoir d'écrire à la main.
#127 Ou pourquoi vous devriez toujours commencer par écrire sur papier.
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Au programme
Le calvaire du papier
Se concentrer sur le fond
Réduire les distractions
Vous n’avez besoin de rien
Vos brouillons seront moches
→ Si jamais cet e-mail se fait couper, tu peux toujours lire la version en ligne par ici.
Le calvaire du papier
“Tu regardes quoi mon amour ?”.
Heureusement qu’il est arrivé pour mettre fin à mon marathon. Ça faisait déjà plusieurs heures que j’étais absorbée entre un puzzle et la chaîne Youtube de Christy Anne Jones; notamment une vidéo intitulée “J’ai tenté la routine d’écriture de Neil Gaiman pendant une semaine”. “Neil Gaiman” et “routine d’écriture” dans une même phrase, je vous laisse imaginer la rapidité à laquelle j’ai cliqué pour lancer la vidéo.
Quand il écrit un roman, Neil Gaiman a pour habitude de se lever, répondre à ses e-mails, réseaux sociaux, traiter les urgences, puis il se met off et écrit de 13h à quelque chose comme 18h — à la main, sur un carnet, avec un stylo-plume.
Pour notre youtubeuse qui a l’habitude d’écrire, mais sur ordinateur, l’exercice était particulièrement difficile. Au premier jour de challenge, elle avoue être frustrée parce que “J’ai le sentiment que je ne peux pas zoom out. J’écris un passage, et je me dis qu’il serait mieux organisé autrement, mais je ne peux pas le changer facilement. C’est tellement plus lent. Pour moi, en tant qu’écrivaine, j’ai l’impression que la manière dont je rends les textes bons, c’est par itération. Je sais qu’ils deviennent meilleurs à force de supprimer et recommencer, et là, je ne peux pas le faire”.
Je la comprends. C’est ce que la plupart des gens me répondent quand je leur suggère d’écrire sur papier, ou que je leur dis que j’écris tous mes brouillons de newsletter sur papier. “Ah bon ? Et après tu recopies tout ? Mais tu ne perds pas un temps monstre à le faire ?”. Je suis persuadée que cette frustration est tout l’intérêt de l’exercice.
Se concentrer sur le fond
L’écriture, c’est un peu comme la construction de maison. Il faut commencer par déblayer le terrain, et bâtir des fondations solides avant de penser à la décoration de la chambre d’amis. Si ça semble évident avec une maison, ça l’est beaucoup moins avec l’écriture — surtout pour les spécimens (dont je fais partie) de types perfectionnistes. Se prendre la tête sur le choix des mots quand les paragraphes n’ont pas de structure et que le propos n’a même pas de sens, c’est l’équivalent de penser à la déco avant de poser les murs.
En limitant la possibilité d’éditer son texte, on est forcé de faire un choix : laisser tomber la perfection et avancer, ou tout réécrire machinalement toutes les deux minutes. Je n’ai encore croisé personne qui ait pris l’option 2. Le papier, par défaut, est la meilleure arme contre le perfectionnisme compulsif. Il permet d’éliminer les faux problèmes de forme, et de laisser l’auteur se concentrer sur les vrais problèmes, à savoir :
Avancer. Un brouillon doit être écrit rapidement. Le but du jeu n’est pas qu’il soit parfait, mais juste qu’il existe en dehors de votre tête. Stephen King disait “Dans la première ébauche, écrivez aussi vite que possible et ne regardez pas en arrière. Vous n'êtes pas encore en train d’éditer. Vous ne faites que raconter votre histoire. Il doit être rédigé sans l’aide ou l’interférence de quiconque.”
Construire une histoire ou un propos cohérent. En fiction, ça veut dire inventer des personnages, intrigue, et situations crédibles. En non-fiction, ça veut dire définir clairement les limites du sujet, clarifier la problématique et la solution qu’on veut apporter (par exemple, dans le cas de cette newsletter, j’essaie seulement de vous convaincre d’écrire vos brouillons sur papier. C’est tout).
Sur papier, on se rend très vite compte des problèmes. Si les choses ne sont pas claires, vous n’arriverez pas à avancer, et comme vous ne pouvez pas procrastiner en éditant, vous serez obligé de vous occuper du problème. Ces deux dernières semaines, j’ai écrit deux brouillons de newsletters que j’ai fini par jeter par la fenêtre car structurellement, ça n’allait pas. Comme le dit Margaret Atwood, dans l’écriture, “la poubelle est votre amie”.
Réduire les distractions
Écrire demande un niveau de concentration élevé pendant un espace-temps devenu beaucoup trop long pour notre génération. Pour nous qui avons pris l’habitude de répondre à des messages en pleine discussion avec quelqu’un d’autre, de regarder Instagram pendant qu’on regarde une série Netflix, ou de traiter nos e-mails en réunion, se poser ne serait-ce que 30 minutes sans rien faire d’autre qu’écrire peut ressembler à de la torture.
Stephen King, Austin Kleon, J.K Rowling, beaucoup d’écrivains des temps modernes l’ont avoué : la plus grande difficulté de l’écriture est de résister aux distractions. Dans sa routine d’écriture, Neil Gaiman s’est fixé la règle de rester loin des écrans pendant des sessions d’écriture, de sorte à ne lui laisser que deux choix : écrire ou ne rien faire. “Au bout d’un moment, écrire devient plus intéressant que de ne rien faire” dit-il.
Ian Fleming aurait écrit chacun des livres James Bond en moins de deux semaines en utilisant la même règle. Apparemment, il avait coutume de s’isoler dans une chambre d'hôtel banale, souvent un Motel, avec zéro distraction, ne lui laissant aussi que le choix d’écrire ou de ne rien faire.
Rappelez-vous de l’école; des jours d’examen où vous avez dû poser votre cul sur une chaise pendant 3h avec face à vous, rien d’autre que des feuilles roses et votre copie double. Le nombre de copies doubles que vous avez remplies en 3h ! Pensez-vous pouvoir produire la même quantité si on vous confiait un ordinateur avec accès à Internet ?
Si les 3h de temps vous font peur, commencez peut-être déjà par des sessions de 30min à 1h. Mettez un timer avec alarme, puis éloignez-vous de tous les écrans, ou cachez-les au moins de votre vue.
Vous n’avez besoin de rien
“Et si j’ai besoin d’aller sur Internet pour écrire mes contenus ?” Me direz-vous. Peut-être que vous en avez vraiment besoin oui. Dans la majorité des cas, je pense que c’est une fausse excuse.
En début d’année, j’ai suivi le programme de créativité de 12 semaines de Julia Cameron avec son livre The Artist’s Way. Dans le chapitre 4, elle donne un exercice qui, selon ses dires, génère le plus de résistance et de rage chez tous les clients qu’elle a accompagnée. La consigne est simple : ne pas lire pendant une semaine.
C’est comme ça que je me suis retrouvée plantée à mon bureau à devoir écrire une newsletter sans pouvoir aller surfer sur Internet. Diable. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir écrire ? À ma plus grande surprise, je me suis rendu compte que je n’avais besoin de rien pour écrire. Tout était là, dans ma tête. Comme à l’école, en examen, je n’avais pas besoin d’aller sur Internet pour dérouler des copies doubles. J’ai réussi à refaire les connexions, à me rappeler des contenus ou anecdotes auxquelles je voulais faire référence. Je n’avais peut-être pas les mots exacts, mais j’ai laissé ce détail pour la phase d’édition.
En général, on surfe sur Internet et on lit du contenu juste avant d’écrire pour se rassurer, pour fuir, pour utiliser les mots des autres plutôt que les nôtres, mais rarement parce qu’on en a réellement besoin.
Vos brouillons seront moches
Je vais être honnête avec vous, le brouillon est un concept que j’ai mis des années à saisir. À l’école déjà, je n’écrivais pas vraiment de brouillon. Seulement quelques points clés sur un coin de feuille. Les trois premières années d’écriture de contenu, c’était pire. Chaque phrase que je couchais sur papier était une version finale à mes yeux. J’éditais très peu mes textes, pour ne pas dire pas du tout. Avec ce système, je mettais entre 6h et 8h pour écrire mes newsletters.
Les choses ont changé début 2023, quand je me suis retrouvée coincée dans un avion Budapest-Paris à devoir rédiger ma newsletter avec rien d’autre sous la main que mon carnet et un stylo. À partir de ce jour-là, j’ai commencé à écrire de plus en plus de premières versions à la main. Certes, je me retrouve à devoir tout retaper ensuite, mais malgré tout, je suis plus productive. Avec ce système, je mets 2h à 3h à écrire à la main, puis 1h à 3h à retaper et éditer en même temps. Au total, ça me prend entre 3h et 6h. Pour notre Youtubeuse, c’est le même constat. À la fin de sa vidéo, elle avoue que, même si elle n’a pas aimé le procédé d’écriture à la main, elle se rend bien compte qu’elle n’a jamais été aussi productive.
Je suis persuadée que ce gain de temps vient de l’acceptation qu’un premier jet sera forcément moche. Si vous êtes un tout petit peu comme moi, la page blanche de l’ordinateur vous met une pression folle, et vous rappelle sans cesse que tout ce que vous allez écrire va être lu par d’autres personnes. Le papier, en revanche, est plus personnel. Le carnet est un endroit privé. C’est un endroit dans lequel vous pouvez écrire n’importe quoi, personne ne le verra.
Un brouillon, par défaut, est moche. C’est normal. Ne faites surtout jamais l’erreur de comparer vos brouillons aux versions finales des autres. Rappelez-vous que son unique but est de sortir les idées le plus rapidement possible pour vous permettre ensuite de vous poser la question du style.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.
Maud
PS : si vous avez une question, un point qui n’est pas clair, une envie d’approfondir une partie, n’hésitez pas à me le dire en commentaire. Ça fera probablement le sujet d’une prochaine newsletter :)
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Intéressant !! De mon côté, dès qu'il s'agit d'écriture créative (newsletter, roman, post Instagram, etc...), je passe forcément par le papier d'abord. C'est comme si l'idée ne pouvait germer que via cette méthode. Ensuite je retranscris sur ordinateur :)
Et quid de faire scanner ses brouillons manuscrits et les retranscrire par de l’IA ?
N’y aurait-il pas moyen de gagner du temps ? Ou bien de temps de recopiage est tout aussi nécessaire pour faire le tri et structurer le contenu final ?