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Au programme
Le culte de l’authenticité
C’est inefficace
Ça ne veut rien dire
C’est un piège
Valoriser la direction
Tenir ses promesses
Conclusion
Le culte de l’authenticité
“Maud, je suis curieuse d’avoir ton avis sur ce que Ruben vient de dire, car il me semble, selon ce que tu m’as dit hier lors de notre call de préparation, que tu n’es pas d’accord avec lui.”
En bonne journaliste, Sandra Lou me tendit le micro. Face à moi, plus d’une centaine de paires d’yeux me fixaient en attendant une réponse.
C’était jeudi 16 novembre dernier au Festival de C’est Qui la Boss, où j’étais venue intervenir à une table ronde sur le personal branding. À mes côtés, Ruben Cohen, cofondateur d’une des plus grosses agences d’influence de France, Foll-ow, venait de s’exprimer sur la raison de son succès sur Linkedin. Pour lui, le plus important tenait en un mot : l’authenticité.
Les marketeux adorent parler d’authenticité. D’ailleurs, comme le dit Andrew Potter, il est intéressant de se rendre compte que :
“Les deux domaines de l'entreprise humaine les plus concernés par la sincérité par opposition à la vérité - à savoir la politique et la publicité - sont également les deux domaines les plus imprégnés de connerie. Ou serait-il préférable de dire que la politique et la publicité sont les deux domaines les plus concernés par l'apparence de l'authenticité ?”
Moi, je pense que l’authenticité est un mot-valise loin d’être un bon conseil, et ce pour plusieurs raisons :
1) C’est inefficace
Derrière le fameux conseil “Soyez authentique et ça va marcher” se cache l’injonction du “Faites ce que vous voulez et soyez vous-même”. Certes, c’est décomplexant. Sauf que faire ce que tu veux a peu de chances de s’avérer utile.
Tous les jours, j’ai envie d’insulter des gens sur Internet tellement certains comportements et discours me mettent hors de moi. Je crois qu’on est tous d’accord pour dire qu’il ne serait pas utile de le faire pour autant.
Pour d’autres, “dites ce que vous voulez”, amène un autre genre de panique, celle du “Mais du coup je dis quoi ?! Je dois parler de mon chien ? De ma mère malade ? Que faire et par où commencer ?”
Dire à quelqu’un qui veut prendre la parole qu’il suffit d’être authentique est probablement un des pires conseils à donner si on veut 1) qu’il passe à l’action et 2) qu’il le fasse intelligemment — soit de manière à atteindre ses objectifs.
2) Ça ne veut rien dire
Vendredi 20 octobre, Jean-Charles Kurdali m’invitait à dîner avec d’autres créateurs et entrepreneurs. Nous étions au dessert quand JC a demandé : “Nous sommes tous des créateurs autour de cette table. Que veut dire l’authenticité pour vous ?”
À ma diagonale était installé Guillaume Moubeche, fondateur de Lemlist. Il a répondu quelque chose qui ressemblait peu ou prou à ça : “Je trouve cette question de l’authenticité toujours un peu difficile à répondre. Je me considère comme un caméléon ou un acteur. J’ai différents rôles que je dois endosser. Dans mes vidéos, par exemple, je suis toujours extrêmement enthousiaste. Je ne suis pas comme ça tous les jours, mais ça reste une partie de moi. C’est une de mes facettes.”
J’aime beaucoup cette citation d’Oscar Wilde qui explique bien toute l’ironie de l’authenticité : “L'homme est le moins lui-même lorsqu'il parle en son nom propre. Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité.”
Être authentique n’existe pas, car cela sous-entend déjà qu’il existerait une vraie version de soi. Or, comme le dit Seth Godin dans son article sur l’authenticité :
“La seule version vraiment authentique de vous est peut-être celle de l'enfant de quelques jours, couché dans un berceau et faisant caca dans sa culotte.
Depuis lors, il y a eu une superposition culturelle, une série de choix, de stratégies de votre part et de celle des autres sur ce qu'il faut faire pour réussir dans ce monde (dans votre monde).
Et ainsi, tout a été inventé.”
Je ne suis pas la même personne avec mon amour, qu’avec un inconnu dans la rue, ou que celle que j’étais avec mon professeur d’allemand en 4ème. Est-ce que cela veut dire que toutes ces versions de moi sont fausses ?
3) C’est un piège
Chercher l’authenticité est un piège, car croire en l’authenticité, c’est croire qu’il existe un “vrai soi” et qu’il faut le trouver.
Je me rappelle de cette cliente, appelons-la Mathilde, qui m’a confié lors de notre dernière session qu’elle aurait voulu que je lui dise quelle était sa différence, son unicité, son truc à elle quoi. La vérité, c’est qu’elle n’en a pas. Toi non plus. Mois non plus. Personne n’a ce “truc en soi” qu’il suffit de trouver pour être enfin libéré délivré de l’horrible questionnement du “qui suis-je” et “où vais-je”.
Comme le dit l’écrivain Will Wilkinson :
“Bowie est la raison pour laquelle je dis à mes étudiants en écriture qu'il n'y a pas de "voix" à trouver, pas de voix qui appartienne au vrai vous, parce qu'il n'y a pas de vrai vous, seulement des versions de vous-même que vous avez appris à interpréter, et la voix du personnage que vous jouez sur la page dépend de vous. La question n'est pas de savoir qui vous êtes, mais à quoi vous connectez, quel courage vous avez, quelle ruse vous avez, et ce que vous arrivez à faire.”
Andrew Potter appelle ce piège “L’Authenticiy Hoax” (le canular de l’authenticité), ou comment on se perd à essayer de se trouver.
Valoriser la direction
Alors, plutôt que de chercher les réponses dans son “soi intérieur”, je recommande de s’interroger sur sa direction. Quelle est la personne que tu as envie de devenir ? Qu’est-ce que tu as envie que les autres disent de toi quand tu n’es pas dans la pièce ? Tu n’as pas besoin d’avoir des réponses parfaites ni fixes. Notre vision évolue avec le temps. Ces questions sont des guides pour s’assurer que tu vas dans la bonne direction.
Comme le dit Joan Didion : “Vous évoluez en quelque sorte dans le rôle que vous vous êtes fixé”.
Exercice
Dans mes coachings, je commence souvent par un exercice de perception que tu peux reproduire chez toi. Commence par prendre 5 minutes pour noter les 5 mots-clés que tu voudrais que les gens donnent pour parler de toi.
En général, avec ces 5 mots-clés, l’idéal serait de pouvoir situer :
Ton activité : Qu’est-ce que tu fais ? Dans quel secteur tu évolues ? Quel est le produit/service que tu vends ?
Ton positionnement : Comment tu le fais différemment ? Pour qui tu le fais ?
Ta personnalité : Comment est-ce que les gens te décrivent ? Quels adjectifs voudrais-tu qu’ils t’attribuent ?
Par exemple, dans mon cas, j’aimerais que ce soit : Personal Branding, Entrepreneur, Coaching, Premium, Intelligence.
Ensuite, demande à plusieurs personnes, de préférence des personnes qui ne te connaissent pas beaucoup, de donner les 5 mots-clés qui leur viennent à l’esprit lorsqu’ils parcourent ton profil. Sont-ils cohérents avec ceux que tu voulais ?
Tenir ses promesses
J’aime beaucoup ce passage d’un article de Seth Godin dans lequel il définit ce que veut dire l’authenticité pour lui :
“Nous qualifions une marque ou une personne d'authentique lorsqu'elle est cohérente, lorsqu'elle agit de la même manière, que quelqu'un la regarde ou non. Une personne est authentique lorsque ses actions sont en accord avec ce qu'elle promet.
Se présenter en tant que professionnel.
Tenir ses promesses.
Même quand on n'en a pas envie.
Surtout quand on n'en a pas envie.”
Si le conseil d’être authentique ne veut rien dire à mes yeux, celui de tenir ses promesses oui.
Le 14 novembre était un de ces jours où j’ai eu envie d’insulter quelqu’un sur Internet. J’avais reçu une notification Linkedin m’indiquant que j’étais taguée dans un contenu. J’avais 10 minutes devant moi. Je suis allée voir.
Dans son post, le créateur parlait d’un article dans lequel il décryptait mon profil. Curieuse, j’ai cliqué pour le lire. Sauf qu’au bout de quelques lignes de lecture, l’auteur écrit noir sur blanc qu’il a changé d’avis en cours de route : “je ne vais pas décrypter le profil de Maud Alavès car c’est beaucoup trop long à faire et que c’est un travail réservé à mes clients”. La suite de l’article est une définition du personal branding, pompée de ma propre newsletter #1.
Au-delà de l’aspect personnel, je pense que n’importe quel lecteur qui est tombé sur cet article a dû s’enrager. Non pas parce que l’article est mauvais, mais parce que l’auteur ne tient pas sa promesse.
Tout le but d’une stratégie de création de contenu est de se bâtir une réputation. Ça commence par être quelqu’un de fiable, c’est-à-dire quelqu’un qui fait ce qu’il dit et qui dit ce qu’il fait.
Conclusion
Je termine cette édition sur cette citation de David Geffen, producteur de musique, de cinéma et de théâtre américain :
“J'ai toujours pensé que chaque personne s'inventait elle-même... que nous sommes tous le fruit de notre propre imagination. Et certaines personnes ont une plus grande capacité d'imagination que d'autres.”
Alors, soyez imaginatif plutôt qu’authentique.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ❤️.
Maud
Un grand merci aux entrepreneurs de la communauté qui ont soutenu cette édition :
Le Club des Athlépreneurs, la newsletter de Sami Terki qui t'aide à te remettre à la course à pied (et à kiffer ça).
Young, Wild & Freelance, le podcast pour un business freelance épanouissant pour toi ET pour la planète.
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Pourquoi vous ne devez pas être authentique.
J'ai appris, en même temps que ce qu'était l'authenticité il y a quelques années, le terme de congruence. La congruence c'est ce que tu décris Maud : faire ce qu'on dit, être fidèle à l'image qu'on donne, tenir ses promesses. Je pense que si l'authenticité est si mise en avant, c'est parce qu'on en manque beaucoup. Mais ca ne peut pas être THE ingrédient de la réussite dans quelques domaines. C'est mieux avec. Pour moi, c'est une recherche, une direction. Surtout après avoir passé des années dans le salariat à m'adapter outre mesure.
hello Maud, toujours autant qualitatif, il te manque la fin de la phrase sur le plus.